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Des implicites qui se font entendre

Comme nous l’avons vu dans l’épisode 1, nos comportements véhiculent des informations non verbales. Le ton de notre voix peut également véhiculer des informations que l’on dit para-verbales. Ces informations sont toutes implicites dans le sens où elles ne sont pas véhiculées clairement pas le langage verbal et par les mots. Ces implicites cachent presque tous une information que l’on nomme « ordre » ou « injonction ». Celle-ci vise à mettre l’autre en mouvement : lui faire faire quelque-chose, lui faire dire quelque-chose ou encore lui faire penser quelque-chose. Certains mots ou certaines formulations peuvent également véhiculer ce type d’implicites. Ces informations « cachées » sont dans la plupart des cas émises de manière inconsciente quoique parfois ce ne soit pas le cas. De la même manière, elles sont bien souvent reçues de manière inconsciente, mais pas toujours.

Observons la famille Dubouillon

Imaginons la mère (Sandrine) qui rentre du travail et qui dit à son mari (Christophe) :
– « Je suis exténuée ! »
Et Christophe qui lui répond :
– « Ah je comprends, moi aussi, quelle journée ! »
– « Je ne crois pas que ça puisse être pire que la mienne ! »
– « Si tu le dis… »
–  Un peu énervée : « Bon, je vais préparer le dîner, comme d’habitude ! »

On sent poindre la scène de ménage dans cet exemple ! Pourtant, il s’agit de situations bien courantes dans nos vies quotidiennes. Si on regarde de plus près cette série d’interactions, on peut supposer que derrière l’information explicite « Je suis exténuée », Sandrine envoie une autre information implicite du type « veux-tu bien préparer le dîner ce soir ? » ou « On commande une pizza ? ». Ces implicites visent donc une mise en mouvement de Christophe mais lui ne les entend pas, volontairement ou non. Et Sandrine s’agace de ne pas avoir été comprise et entendue. Le fait est qu’elle n’a rien dit explicitement de son attente. Et son agacement va conduire à d’autres implicites : « comme d’habitude » est lourd de sous-entendus.

J’utilise souvent la métaphore de la « Communication Commode© ». L’idée étant que dans la communication, on pourrait classer les informations sur et dans une commode : les implicites sont posés bien en vue sur la commode alors que les implicites sont rangés dans les tiroirs qui sont plus ou moins fermés.  L’accès à ces implicites est donc plus ou moins facile.

Et s’ils souhaitent faire évoluer cette situation ?

Encore une fois, rien n’oblige Sandrine et Christophe à faire évoluer cette situation. Il n’existe aucune norme comportementale qui obligerait les uns et les autres à adopter certains comportements. Parfois, une bonne scène de ménage après une journée difficile permet de se défouler et c’est peut-être une bonne idée. Je n’ai vraiment pas d’avis sur la question. Et puis une franche engueulade permet aussi de se dire les choses ou encore de se réconcilier après, ce qui n’est pas désagréable. Il n’y a pas de réconciliation sans engueulade !

J’ai connu bien des couples qui n’élèvent jamais la voix et qui sont malheureux et d’autres qui se chamaillent tout le temps et qui semblent se porter très bien. Alors, je serai bien en peine de dire à Sandrine et Christophe ce qu’ils doivent faire. Cependant, si Sandrine venait à se plaindre de cette situation précise, je lui suggérerai sûrement de faire remonter l’information qu’elle souhaite vraiment faire passer du tiroir à la surface de la commode. Ainsi, elle sera entendue dans sa réelle demande. De là à dire qu’elle sera écoutée et suivie… il lui faudra ajouter d’autres ingrédients que nous verrons dans de futurs épisodes.

Observons la famille Dubouillon

Imaginons Christophe (le père) qui rend visite à sa propre mère (Brigitte) :

– «  Comment vas-tu mon chéri ? »
– « Ca va Maman, je suis juste débordé »
– « Tu restes dîner avec nous, tu es tout maigrichon ! »
– « Ah tu ne vas pas recommencer ! »

L’implicite n’est encore pas loin ! L’ordre pourrait alors être du type « Prend davantage soin de toi ! » ou encore « Dis à ta femme de mieux te nourrir ! ». Quoi qu’il en soit, la suite de la communication risque fort d’être contaminée par ces messages cachés dans les tiroirs de la commode, quoique assez visibles.

Et s’ils souhaitent faire évoluer cette situation ?

Si Christophe se plaignait de cette situation avec sa mère, ce qui n’est pas sûr car après tout, c’est peut-être aussi bien de maintenir cet équilibre et de laisser sa mère dans cette illusion qu’il a encore besoin d’elle pour le nourrir et le garder en bonne santé. Mais bon, si toutefois il souhaitait faire évoluer les choses, il devra peut-être en passer par aider sa mère à exprimer ce qu’elle ne dit pas. Je dis peut-être car nous verrons dans de prochains épisodes qu’il pourrait y avoir d’autres techniques plus efficaces. Cependant, elles demanderont toutes d’avoir perçu l’implicite. Un bon entraînement serait donc dans un premier temps de repérer les implicites que nous véhiculons et ceux qui sont véhiculés par les autres.

En résumé

  • Les implicites sont bien souvent  plus puissants que les explicites.
  • Ils prennent bien souvent la forme d’un « ordre » qui vise à mettre en mouvement.
  • Cet ordre va créer une interprétation et une réaction.
  • Parfois, je peux utiliser la « Communication Commode© » pour mieux m’y retrouver et repérer les implicites. Je peux ensuite faire le choix de les expliciter ou de les faire expliciter.