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Feed-back positif et négatif: qu’ouvre-t-on et que réduit-on à l’occasion d’un processus d’évolution?

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Par Frédéric Demarquet – Les notions de feed-back positif et négatif sont une partie délicate des approches systémiques. Elles donnent souvent lieu à controverse et à des interprétations variées et parfois confuses.

Parler de feed-back suppose d’envisager l’interaction dans la circularité et donc de sortir d’une vision linéaire des échanges entre différents éléments d’un système. Cela suppose également d’intégrer la notion d’information comme contenu des messages et d’énergie comme contenant. A délivre une information à B avec une certaine énergie. B réceptionne l’information, l’analyse, la passe au filtre de sa cognition, de ses émotions et envoie une information en retour à A avec une énergie plus ou moins proportionnelle à celle reçue. Cette information et cette énergie en retour constituent un feed-back pour A. Celui-ci le renseigne sur la manière dont B à reçu son message et également sur la façon singulière qu’il a eu de délivrer ce message. A va alors pouvoir à son tour analyser le feed-back, le passer au filtre de sa cognition et de ses émotions et envoyer une nouvelle information à B. Celle-ci sera également un feed-back pour B et la circularité s’exercera ainsi pendant toute la durée des échanges. A influence donc B qui influence A qui influence B qui influence A…

Lorsque nous échangeons des informations, celles-ci peuvent soit ouvrir notre représentation en apportant de nouveaux éléments, soit affiner notre point de vue en mettant le focus sur certains éléments en particulier. Imaginons que nous sommes au musée et que nous regardons un tableau de grande dimension à distance Progressivement nous nous approchons de la toile. Immanquablement, nous allons perdre la vue d’ensemble et gagner sur certains détails en particulier. Les informations que nous recevons sont alors plus précises. On peut alors dire que ce retour d’information que nous donne le tableau par le moyen de notre observation et de notre mouvement constitue un feed-back négatif dans le sens ou il réduit l’envergure des informations tout en précisant certaines d’entre elles. Imaginons maintenant le mouvement inverse. Nous sommes très près du tableau et nous nous éloignons progressivement. Nous allons alors perdre les détails et gagner dans le lien que nous pourrons faire entre les différents éléments de la toile. Le feed-back est cette fois-ci positif car il amène de nouvelles informations plus larges et injecte de nouveaux éléments dans notre vision.

Lorsque qu‘un être humain est en évolution, il lui faut constamment jouer avec les deux types de feed-back pour avancer. Ce qui permet en effet une évolution est l’acquisition de nouveaux apprentissages et pour apprendre, il est nécessaire d’injecter de nouveaux éléments à nos connaissances tout en affinant certains savoir. Il nous faut alterner entre ouverture vers quelque-chose de plus grand et orientation vers les détails, le plus petit. Une évolution se joue toujours dans un mouvement sinusoïdal. Au départ se trouve l’équilibre, l’homéostasie. Pourtant, dans cet équilibre, certains points ne nous conviennent pas et nous ressentons le besoin de changement. La motivation à l’évolution prend racine soit dans cet inconfort, soit dans le besoin de nouveauté. Il nous est alors nécessaire de casser un peu de cet équilibre, ce qui nous porte vers une certaine dose d’entropie. Ce mouvement engendre bien souvent du feed-back positif en injectant dans notre cognition, nos émotions et nos comportements de nouvelles données. Cela peut parfois inquiéter et générer des hésitations, des retours en arrière. Nous devons alors pour les assimiler affiner ces nouvelles informations par un mouvement à feed-back négatif, retrouvant de nouveaux équilibres avant d’aller plus loin. Ainsi l’être humain avance-t-il au gré de ses progressions et de ses évolutions, se nourrissant de nouvelles informations et les affinant pour mieux les assimiler.

Les professionnels de l’accompagnement connaissent bien ces mouvements qu’ils doivent gérer pour les accompagnés et eux-mêmes avec délicatesse et subtilité. Perdre un accompagné et se perdre soi-même dans trop d’informations constitue un risque important d’inconfort et peut-être d’échec. Rester trop focalisé sur certains éléments fait prendre le risque de passer à côté d’informations essentiels et de perdre les liens entre différents éléments d’information. Accompagner une personne, c’est lui permettre d’alterner entre ouverture et réduction vers les détails dans un mouvement continue et respectueux. Le praticien ne peut alors faire l’économie d’écouter les feed-back de ses accompagnés qui lui indiquent de manière plus ou moins explicite ce qui leur convient, ce qui est bien pour eux ou au contraire difficile, inconfortable. Ces feed-back pourront être négatif, permettre une compréhension plus fine de certaines informations apportées par l’accompagné, mais aussi positifs, offrant la possibilité d’ouvrir vers des informations nouvelles. Le praticien se doit donc d’intervenir dans la conscience des informations qu’il véhicule afin d’utiliser le bon type de feed-back au bon moment, tout en aidant son accompagné à lui renvoyer les informations dont il a besoin, qu’elles soient d’ouverture ou de réduction, pour construire son intervention.

Lorsque nous accompagnons une personne, nous devons donc de manière circulaire s’appuyer sur les deux types de feed-back tout en réduisant progressivement l’écart existant entre la situation actuelle de l’accompagné et sa situation future souhaitée. Cette réduction d’écart constitue en soit un feed-back négatif en référence à la réduction du problème. Cependant, en référence aux apprentissages, on peut dire que l’accompagnement à généré un feed-back positif dans le sens d’une ouverture vers de nouvelles possibilités. Un être humain en évolution, qu’il soit accompagné ou non, aura besoin de ces deux manières d’appréhender l’information pour avancer. Ceci peut se jouer dans l’interaction avec l’externe mais aussi dans la réflexivité en interne.

Cet article ma été inspiré par l’une de mes stagiaire, Zahra Zeroual, coach et consultante exerçant principalement au Maroc, et que je remercie vivement pour la pertinence de ses propos et de son questionnement.